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Des Jeux d’hiver à ceux d’été : Vincent De Haître réussit son pari

Cyclisme Canada a dévoilé mercredi la liste des athlètes sur piste et sur route qui participeront aux Olympiques de Tokyo en 2021. Vincent De Haître s’y trouve et réalise son rêve de s’offrir des Jeux d’été après en avoir fait deux d’hiver.

Le Franco-Ontarien s’est qualifié au sein de l’équipe de poursuite sur piste en compagnie de Jay Lamoureux, de Derek Gee et de Michael Foley. Le Canada n’avait pas été représenté dans cette épreuve depuis les Jeux de Montréal en 1976.

De Haître deviendra le 12e athlète du pays à prendre part à des Jeux d’hiver et d’été après notamment Pierre Harvey, Clara Hughes et, plus récemment, Georgia Simmerling qui sera aussi au Japon. Il a représenté le Canada en patinage de vitesse sur longue piste à Sotchi en 2014 et à Pyeongchang quatre ans plus tard. Il espère aussi être de ceux de Pékin en 2022.

C’était une question de fierté et aussi un défi parce que je voulais prouver que ma recette d’athlète fonctionne, comment je me porte de jour en jour, les décisions que je prends ici et là, et que le sport n’est pas la seule partie. Il faut être un athlète à fond et tu peux faire une transition de tes aptitudes d’un sport à l’autre si tu es capable de voir ce qui est important. – Vincent De Haître

Il est le moins expérimenté de son équipe, mais aussi le plus vieux à 26 ans. Sprinteur au patin comme à vélo, De Haître a dû faire ses preuves pour faire sa place et prouver qu’il pouvait aussi devenir plus endurant.

Il y a un long historique qui dit que ce sont des gars d’endurance qui font la poursuite par équipe, explique-t-il, joint à Calgary où il s’entraîne avec l’équipe de patinage de vitesse. Donc, moi, il fallait que je prouve qu’un sprinteur pouvait le faire, mais d’une façon différente. Et ç’a pris longtemps, presque un an et demi, avant qu’on puisse voir que je ne pouvais pas faire le travail de la façon qu’on me le demandait.

Les entraîneurs ont toutefois compris qu’ils pourraient tirer profit de ses aptitudes pour améliorer les performances de la formation canadienne.

C’est moi qui fais le départ de l’équipe et ça prend un gars avec assez de puissance et je suis fort dans ce rôle, dit-il. Je suis fort pendant une minute et demie, c’est vraiment mon meilleur effort et je peux pousser ça des fois jusqu’à deux minutes et demie. C’est une épreuve avec quatre gars, mais seulement trois doivent finir la course. Me demander de la finir ralentirait l’équipe. Je peux me donner plus à fond au début de la course et les autres gars reposent leurs jambes au début et on peut mieux les utiliser à la fin de la course.

Les Canadiens étaient au 4e rang mondial avant de connaître des Championnats mondiaux décevants. Ils ont conclu les deux années de qualifications au 8e échelon, mais ils croient avoir des chances de médailles.

Ce n’est pas impossible d’y penser. Mais avec les améliorations que les autres équipes ont faites aux mondiaux, ç’a vraiment changé notre perspective, ce sur quoi nous devons travailler, précise Vincent De Haître. Et maintenant, nous avons une année de plus pour travailler sur nos points faibles.

Après Tokyo, il n’aura que six mois pour se préparer pour les JO de Pékin, 180 jours exactement. Il s’agit d’un défi considérable que le jeune homme aborde avec sérénité.

Du côté féminin, trois des quatre cyclistes de la poursuite canadienne qui avait gagné le bronze à Rio en 2016 seront de retour. Jasmin Duehring, également médaillée de bronze à Londres en 2012, est du nombre, tout comme Allison Beveridge et Georgia Simmerling. Annie Foreman-Mackey et Ariane Bonhomme en seront quant à elles à leur première expérience olympique.

Lauriane Genest, plus vite que prévu

Kelsey Mitchell, détentrice du record mondial sur 200 m, et Lauriane Genest prendront, quant à elles, part au sprint individuel et par équipe, ainsi qu’au keirin.

C’est également aux derniers mondiaux, en mars, qu’elles ont su qu’elles avaient obtenu leur place aux Jeux olympiques.

Quand on l’a su, nous étions à la piste et on regardait les autres courir. Ensuite, nous avons compté nos points et nous avons vu que ça avait fonctionné. Je me rappelle avoir serré Kelsey dans mes bras, je pleurais et j’étais émotive. C’est comme si toute la pression s’était enlevée de mes épaules. – Lauriane Genest

Découvertes toutes les deux en 2017 au camp RBC, à Toronto, elles ont depuis connu une progression fulgurante, décrochant plusieurs médailles au cours de la dernière saison. Pour l’athlète de Lévis, c’est la réalisation d’un rêve plus vite que prévu.

Quand je me suis jointe à l’équipe nationale, je visais plus 2024, confie Genest. Mais avec ma progression dans ces deux dernières années, plus les mois avançaient, plus je voyais que ça allait se concrétiser.

Avec une année de plus pour se préparer, sans savoir s’il y aura des courses à l’automne, pandémie oblige, l’ancienne patineuse artistique sait qu’elle a beaucoup de travail qui l’attend, notamment au niveau mental. C’est pourquoi elle consulte régulièrement les psychologues de l’équipe.

En toute honnêteté, je ne crois pas avoir un mental de fer, avoue l’athlète de 22 ans. Toute l’équipe qui m’entoure est au courant que c’est probablement une des premières choses qui va me ralentir dans mon processus. Et comme n’importe quoi, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Je vois l’amélioration, mais je ne suis pas encore rendue où j’aimerais être.

Et Kelsey Mitchell, qu’elle considérait jadis comme une rivale, est devenue une alliée précieuse, surtout depuis qu’elles font le sprint par équipe ensemble.

Après quelques mois, je la voyais comme une ennemie, elle progressait rapidement et je n’aimais pas ça, je sentais la pression, raconte Lauriane Genest. Je ne la voyais pas comme un atout, je ne voyais pas qu’elle pouvait m’apporter quelque chose.

Nous avons eu des moments un peu plus durs, mais après je suis revenue plus forte et j’ai vu les choses différemment. Et depuis, ça va super bien entre nous deux, nous sommes vraiment de très bonnes amies, de très bonnes coéquipières qui se poussent à l’entraînement et je me sens choyée de l’avoir à mes côtés.

Des médailles sont à leur portée, mais la Lévisienne ne le crie pas sur tous les toits. Elle ne le reconnaît que du bout des lèvres, comme si elle ne voulait pas trop attirer l’attention ou provoquer ses adversaires.

Ça va être beaucoup de travail, mais c’est réalisable si tout va dans l’ordre des choses. Nous sommes dans la bonne direction pour être potentiellement sur le podium.

La deuxième occasion de Hugo Barrette

Hugo Barrette a aussi son billet pour Tokyo, où il vivra ses deuxièmes JO. Il avait fini 13e au keirin à Rio en 2016. Barrette et Nick Wammes prendront part au sprint et au keirin.

Le Québécois de 29 ans avait lui aussi hâte que la nouvelle soit officialisée.

C’est toujours excitant même si on le savait depuis un petit bout, admet-il. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un sourire. C’était quand même dur, parce qu’après la saison je le savais, mais Cyclisme Canada n’avait pas fait ses sélections officielles. Donc, tu ne peux pas dire que tu vas aux Jeux. Mais là, je peux ouvertement le dire et c’est agréable que tout le monde le sache.

Un peu comme avant Rio, alors qu’il avait chuté en Colombie en octobre 2015, le Madelinot a une fois de plus frôlé la catastrophe en septembre dernier. Et cette fois-ci, la blessure aurait pu avoir des conséquences encore plus néfastes…

Sans aucun doute, l’accident que j’ai eu en Bolivie était plus critique. C’est juste que les médias étaient moins impliqués. Il y a eu des images catastrophiques et beaucoup de sang quand c’est arrivé à Cali, mais l’impact était beaucoup plus gros cette année. Ç’a été beaucoup plus dur de revenir de ça. – Hugo Barrette

J’ai réussi à aller me qualifier, à aller chercher deux places grâce à mon expérience. Mais honnêtement, je n’aurais pas été en mesure de le faire en 2015 parce que j’ai été chercher quelque chose d’autre. Je n’avais pas la forme, j’ai réussi les performances avec l’expérience.

Miraculé deux fois plutôt qu’une, Barrette rigole aujourd’hui de ce dernier accident dont il ne gardera pas de séquelles. Mais il réalise la chance qu’il a aujourd’hui de poursuivre sa carrière.

Un chirurgien a dit que c’est impossible de se casser l’omoplate si ce n’est pas dans un accident de voiture grave ou de moto sur l’autoroute, dit-il. Si tu te casses cet os-là, ç’a un impact incroyable. J’ai eu des répercussions, après que ça se soit guéri, dans ma hanche, dans mon dos. Maintenant, je peux dire que je suis dans une très bonne forme, j’aurais réussi à faire une meilleure performance que j’aurais pensé, mais ça n’aurait pas été la performance que je voulais et que je compte faire.

Le report d’un an des Jeux de Tokyo lui sera donc bénéfique. Il pourra s’entraîner plus que jamais, dans l’espoir de réaliser des performances à la hauteur de ses attentes.

Ami de cœur de Kelsey Mitchell, Hugo Barrette compte l’appuyer dans sa première expérience olympique. Et il estime qu’elle sera une prétendante au titre, comme elle a fini 4e au sprint des derniers Championnats du monde.

Ce n’est rien de moins que l’or, affirme-t-il. N’importe quoi de moins que l’or, ça me surprendrait. C’est beaucoup de pression et j’espère être capable de la guider là-dedans. Mais sans moi, elle est capable d’aller gagner n’importe quoi.

C’est chacun pour soi sur la piste, mais les deux partenaires de ce couple fort dans la vie carburent aux mêmes sensations.

Kelsey et moi détestons perdre. Ça amène une autre pression, un autre genre de stress. Mais nous détestons tellement perdre que nous nous entraînons fort pour être sûrs que ça n’arrive pas. – Hugo Barrette

Ce digne représentant des Îles-de-la-Madeleine et de l’Est-du-Québec a bien l’intention d’offrir de belles performances à ses admirateurs.

C’est encore une belle occasion de rendre le monde de là-bas fier et de montrer aux jeunes de l’Est-du-Québec que si tu as des rêves, il faut foncer parce que quand tu es loin comme ça, même les plus petits rêves semblent impossibles à réaliser.

Michael Woods et Hugo Houle seront les deux vedettes de l’équipe qui représentera l’unifolié dans l’épreuve sur route d’une distance de 234 km. L’identité du troisième cycliste canadien n’a pas encore été déterminée.

Karol-Anne Canuel et Leah Kirchmann seront de cette épreuve du côté féminin, sur un parcours de 137 km.

Avec les informations d’Olivier Pellerin

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