Deux patineurs de vitesse locaux, deux réalités bien différentes à la veille des essais canadiens sur longue piste qui se dérouleront de jeudi à dimanche, à Calgary.
D’un côté, il y a le vétéran Vincent De Haître, de Cumberland. Un ancien vice-champion du monde sur 1000 m qui a déjà trois participations aux Jeux olympiques.
Âgé de 29 ans, il entreprend sa 11e saison sur la scène internationale. De son propre aveu, il «ne lui reste pas une éternité dans le sport». «J’approche mes dernières années», lance-t-il.
De l’autre côté, on retrouve le Gatinois Cédrick Brunet, qui aura 23 ans en novembre. Il a effectué ses débuts à plein temps sur le circuit de la Coupe du monde, l’automne dernier.
Les deux athlètes possèdent toutefois le même but dans les prochains jours. Obtenir leur billet en vue des premières étapes de la Coupe du monde qui auront lieu en novembre et décembre au Japon, en Chine, en Norvège et en Pologne.
«Je suis excité», admet De Haître, qui pratique le patinage de vitesse depuis l’âge de cinq ans.
«Je suis excité car plusieurs changements sont survenus depuis la fin de la saison dernière», précise-t-il. Une saison qui avait été difficile pour lui.
Les résultats n’étant pas au rendez-vous, le Franco-Ontarien a perdu sa place sur l’équipe nationale de même que son brevet de Sports Canada lui assurant une aide financière. Une première depuis 2012-2013 dans son cas.
La situation l’a fouettée.
De Haître a décidé de prendre le contrôle de tout concernant sa carrière. «J’écris tout. Mes programmes d’entraînement, mon plan de diète à suivre», dit-il, soulignant au passage avoir perdu sept kilos durant l’été.
Ce dernier ne s’entraîne plus avec l’équipe nationale. Il s’est joint à un programme indépendant à l’ovale olympique de Calgary dans lequel font partie plusieurs membres de la relève.
«De jeunes qui ont notamment participé aux championnats du monde juniors», souligne-t-il.
Là-bas, il a accès à des entraîneurs qui vont l’aider si nécessaire.
De Haître s’est tapé quelques heures de séances vidéo durant l’été, décortiquant ses techniques de course entre 2015 et 2018.
«Je voulais voir ce que je faisais de bien. Je veux retourner à la base. J’essaie de rebâtir une chose à la fois», explique-t-il.
Les essais se veulent «un beau test».
On le verra en action aux épreuves de 500 m, 1000 m, 1500 m et le départ groupé.
Aider la relève
Vincent De Haître gardera aussi un oeil sur un espoir d’Ottawa chez les femmes, Rachel Mallard. Il a organisé dans les derniers mois une campagne de financement «un peu en secret» pour aider la jeune athlète qui s’est jointe au programme de l’ovale olympique l’an dernier.
Plus de 5400 $ ont été récoltés pour Mallard, qui étudie en neurosciences tout en pratiquant le patinage de vitesse.
«J’ai pu amasser assez de fonds pour qu’elle puisse payer son coût d’inscription au programme de l’ovale», mentionne De Haître.
Le principal intéressé compte répéter l’expérience et donner un coup de pouce à d’autres patineurs locaux. La moitié de l’argent qui sera versé à son endroit pour sa propre carrière via une commandite ou un don sera redirigé vers un autre athlète.
«Ce n’est pas tout le monde dont les parents peuvent aider. Si je peux faire quelque chose pour aider un jeune athlète… Je crois que c’est important d’encourager quelqu’un de nouveau.»
Mallard, 19 ans, a gagné une médaille d’argent au 3000 m des derniers Jeux du Canada. Un produit des Pacers d’Ottawa, elle est vice-championne canadienne junior au départ groupé.
Brunet retrouve la santé
Au bout du fil, Cédrick Brunet semblait détendu. Et surtout heureux.
Le patineur originaire de l’Outaouais croit avoir enfin trouvé une solution.
À sa première saison sur le circuit de la Coupe du monde, il a appris à la dure. «Je ne savais pas à quoi m’attendre», rappelle-t-il.
«J’ai beaucoup voyagé. Je n’étais pas habitué. Ça m’a beaucoup fatigué.»
Épuisé, Brunet est tombé malade trop souvent à son goût.
«J’ai pogné plusieurs virus! J’étais très à risque avec toute cette fatigue accumulée. J’ai ajusté le tir cet été pour être en meilleure forme et en meilleure santé. Jusqu’ici, c’est payant! Je touche du bois. Je n’ai rien attrapé.»
Pour le reste, Brunet veut juste «se surpasser tous les jours». Il finira par avouer que son but ultime cet hiver est de participer aux championnats du monde.
Les prochains jours ne seront pas seulement intenses pour lui, mais également son frère Frédéric. Celui-ci se bat pour une place chez les Bruins de Boston.
Lundi, il était encore au camp d’entraînement de l’équipe.
Le plus jeune des Brunet s’est fait taquiner durant le week-end par sa famille et ses amis. La LNH lui avait attribué un but durant un match hors-concours des Bruins avant de rectifier le tir.
«Il y avait erreur… Il (Fred) n’était même pas sur l’alignement pour ce match. On l’a agacé un peu avec ça!»