En partant de Calgary pour se rendre à Québec, le patineur de vitesse Vincent De Haître avait déjà le sentiment qu’il faisait le voyage pour rien. Arrivé dans la Vieille Capitale, tard lundi soir, pour les qualifications olympiques sur longue piste, il a eu la mauvaise surprise d’apprendre qu’elles étaient annulées en raison de la situation sanitaire.
« Je peux pas dire que je suis content, en ce moment », mentionne l’athlète d’Ottawa, qui était déjà à l’aéroport sur le chemin du retour vers l’Alberta, lorsque Radio-Canada l’a contacté. « La santé vient en premier, c’est certain, mais on a déjà pris les risques en faisant le voyage jusqu’à Québec », s’indigne De Haître.
Si le jeune homme de 27 ans digère mal la nouvelle, c’est qu’il misait sur l’événement à l’ovale de Québec pour assurer sa présence aux Jeux olympiques de Pékin.
« Nous sommes tous ici et ils nous renvoient à la maison. Il n’y a même pas 10 athlètes par course et on ne se croise pas. C’est frustrant de ne pas avoir d’événement. »— Une citation de Vincent De Haître, patineur de vitesse
De Haître n’a repris la compétition en patinage de vitesse qu’en septembre dernier après avoir participé aux Jeux d’été de Tokyo en cyclisme sur piste.
« C’était cette compétition qu’on visait. Pour moi, c’était gros. Je me suis qualifié cet automne pour les Coupes du monde, mais ce n’était pas le but. L’objectif a toujours été les Jeux. J’essaie de participer à mes quatrièmes Jeux olympiques [après Sotchi, Pyeongchang et Tokyo]. Je serais le premier dans l’histoire à faire deux Jeux en 180 jours », se désole le membre de l’équipe nationale. (NDLR : De Haître serait le premier Canadien depuis le système d’alternance des Jeux en 1994. Pierre Harvey, Robert Boucher et Sue Holloway l’ont déjà fait dans des conditions différentes)
Trouver une façon de tenir les qualifications
La frustration est grande chez le patineur, qui a l’impression de ne rien contrôler actuellement après deux ans d’entraînement dans des conditions difficiles en pleine pandémie.
J’essaie d’atteindre un gros impossible. Ce qui va m’empêcher de le faire, ce ne sera pas de ma faute, mais quelque chose que je ne contrôlerai pas. Ça me pogne en dedans, je ne suis pas content. Je ne peux pas garantir que je me qualifierais, mais je veux avoir la chance de l’essayer. Je peux accepter quelqu’un de plus rapide que moi, mais pas de ne pas avoir la chance de le faire.
De Haître demande à Patinage de vitesse Canada (PVC) de trouver une solution pour présenter un événement de qualifications.
« On mérite une chance de courser, de se battre pour notre place. J’espère en tant qu’athlète que la fédération va nous trouver une façon de courser. Si c’est pas à l’intérieur, au moins à l’extérieur. Ils peuvent avoir peur de prendre un risque avec une compétition, mais envoyer des personnes aux Jeux sera encore plus risqué que de rester au Canada »,renchérit-il.
PVC a annoncé travailler avec son équipe de haute performance pour ajuster les critères de sélection. Nous comprenons que la décision [d’annuler les qualifications] aura un impact sur de nombreux membres de notre communauté et notre processus de sélection, précise Patinage de vitesse Canada PVC dans un communiqué.
Une décision concernant le processus de sélection sera annoncée dans les prochains jours. En attendant, les athlètes sont dans le néant. De Haître craint d’être désavantagé par sa situation particulière, surtout si la fédération prend la décision de se baser sur les résultats des compétitions de la dernière année.
« On n’a pas beaucoup d’informations. J’espère qu’ils ne prendront pas une décision sans course. Ça peut vite changer dans le monde du patinage. Ce n’est pas parce que tu étais rapide au printemps que tu seras vite en hiver », dit-il.